« La marche était un peu haute quand on voit le temps des trois premiers. C’est une place que personne n’aimerait avoir, mais c’est la mienne et je l’accepte. » disait Dimitri Jozwicki, après sa 4e place du 100m T38 lors des Jeux Paralympiques de Tokyo 2020. À 25 ans, Dimitri a fait de ce résultat aux Jeux, une force. Rencontre avec l’un des athlètes de l’équipe de France Handisport.

Nés à Nancy, en 1997, Dimitri Jozwicki et son frère jumeau ont toujours été mordus de sport : « on a commencé par le foot, puis on s’est vite tournés vers le rugby qui est la discipline familiale », explique-t-il. Mais rapidement, entre ses 8 et 10 ans, les médecins découvrent une infirmité motrice cérébrale chez le sprinteur. Une découverte « qui m’a fait du bien, se rappelle Dimitri. Au départ, on m’avait diagnostiqué comme un enfant feignant, car j’avais du retard dans la motricité et au niveau scolaire. Mettre un mot sur la pathologie et de savoir que ce n’était pas ma faute, ça m’a fait du bien. » Avec cette découverte, le Nancéen stoppe logiquement le rugby pour éviter tout choc à la tête.
C’est donc vers l’athlétisme qu’il se tourne en 2010, lorsqu’il découvre les performances de Christophe Lemaitre. « Avec mon frère, qui n’a pas de handicap, on regardait les championnats d’Europe et on a vu le triplé en or de Christophe Lemaitre. On s’est découverts une passion et depuis, on ne s’est jamais arrêtés », raconte Dimitri Jozwicki. Ailier lorsqu’il jouait au rugby, le sprint est rapidement devenu « une évidence » pour lui. « J’ai un profil plutôt véloce, porté sur la fréquence et les efforts courts. Le 100m s’est imposé à moi et pour rien au monde je ne changerai mon sport », déclare le désormais licencié du Lille Métropole Athlétisme.
« J’ai découvert le handisport en 2016 et tout s’est enchainé »
Entre 2010 et 2016, Dimitri évolue au niveau interrégional, en Lorraine. Par la suite, il s’installe dans le Nord, à Lille, afin de poursuivre ses études. Passionné par l’ergothérapie, il se lance en médecine et envisage d’arrêter l’athlétisme. C’est à ce moment qu’il rencontre Julien Reb, son ancien coach, qui le guide alors dans le mouvement handisport. Dimitri se souvient : « Julien m’a dit qu’avec mon handicap, je pouvais courir en handisport. Ce fut une vraie découverte pour moi, car je n’y étais pas allé par méconnaissance d’une catégorie pour moi. »
Une fois la fédération handisport intégrée, la pratique de Dimitri prend un autre tournant. Le licencié du Lille Métropole Athlétisme raconte : « en 6 mois tout s’est enchainé. Avec une préparation adaptée à mon handicap, j’ai vite réalisé de bons résultats. Par la suite, Julien Héricourt et Jean-Baptiste Souche, respectivement Directeur sportif et entraineur à cette époque, m’ont contacté pour m’ouvrir les portes de l’équipe de France. Ça m’a permis de participer à mes premiers championnats du monde à Londres en 2017. »

Une vie à haut niveau
Depuis 2017, Dimitri Jozwicki est donc membre de l’équipe de France d’athlétisme handisport. Un élément important dans la vie du sprinteur diplômé en ergothérapie en 2019. « Il faut avoir de l’énergie pour me suivre pendant une semaine, dit-il en rigolant. Par semaine, je travaille 2 jours avec la direction régionale des Hauts-de-France. Le reste du temps, j’ai 6 entraînements, de la préparation physique et environ 2 séances de kinésithérapie. Ça me fait des semaines assez rythmées parce que je dois aussi gérer mes partenaires ».
Un rythme qu’il a trouvé, car il sait ce qu’il souhaite pour sa carrière : « Quand j’ai intégré l’équipe de France, c’était superbe pour moi. Je suis arrivé juste après les Jeux de Rio 2016, donc plus facile pour s’intégrer. Et vivre une expérience avec des personnes comme Marie-Amélie Le Fur, Nantenin Keïta ou encore Arnaud Assoumani, ça donne envie d’avoir une carrière similaire, de savoir quel athlète je veux devenir », explique Dimitri Jozwicki. À 25 ans, le Nancéen a pour objectif l’or aux Jeux Paralympiques de Paris 2024, mais son objectif se construit petit à petit : « Je me suis mis tellement de pression, inutilement, pour me qualifier à Tokyo. Désormais, je procède étape par étape. Je vais me fixer des objectifs pour me qualifier pour les mondiaux de Paris en 2023. Ensuite j’irai chercher le podium sur cette même compétition et ainsi de suite ».
« J’invite tous les passionnés d’athlétisme à redécouvrir leur sport »

Pour les Championnats du monde de para athlétisme – PARIS’23, Dimitri Jozwicki espère être de la partie. La compétition se déroulera dans un stade qu’il connait bien, le stade Charlety : « C’est sur cette piste que j’ai vécu mes premiers championnats de France, j’ai couru à de nombreuses reprises au Handisport Open Paris, donc c’est une piste sur laquelle je me sens en confiance. Elle est très belle, très rapide et j’ai toujours performé dessus, donc tout est réuni pour être prêt et confirmer mes résultats de Tokyo », précise le sprinteur.
Par ailleurs, il espère que ces championnats seront « une belle fenêtre pour découvrir le paralympisme. Je donne rendez-vous à tout le monde en 2023 et j’invite le public à prendre leurs places. Ça vaut vraiment le coup de venir nous voir, parce que nous sommes accessibles et c’est le moyen parfait de découvrir le handicap par le sport. J’invite tous les passionnés d’athlétisme à redécouvrir leur discipline à travers le parasport, car c’est l’effet que ça a eu sur moi quelques années en arrières ».
Retrouvez le palmarès de Dimitri Jozwicki sur la base Bleus Handisport.
Rédaction : Jimmy JOUBERT