« Devenir une championne paralympique, ce n’était pas mon plan d’origine », raconte Martina Caironi lors d’une conférence TEDx en juin 2022. Pourtant, c’est à travers le sport que la championne italienne a reconstruit son parcours de vie.
Licenciée au club du Fiamme Gialle, section sportive de la police italienne, Martina Caironi a grandi à Bergame, au nord-est de Milan, avec ses parents et ses deux frères. Née en 1989, elle a toujours été passionnée de sport. Elle pratique le volley-ball avant de se consacrer à ses études de linguistique, à Bologne. Bonne vivante, ses journées sont très rythmées « je ne pouvais pas rester tranquille pendant un moment. Raconte Martina Caironi. J’aimais aussi chanter et écouter de la musique toute la journée. Je pense que mon enfance a été heureuse, pleine d’amour et d’encouragements de mes parents. »
La vie de Martina Caironi bascule lorsqu’elle a 18 ans, en 2007, « je rentrais d’une fête avec mon frère, et nous avons eu un accident de scooter. C’était comme une destinée, qui m’attendait », explique-t-elle. Amputée de sa jambe gauche, au niveau du genou, l’italienne ressent très rapidement un déclic :« Avec tout l’amour de ma famille et de mes amis lorsque j’étais à l’hôpital, j’ai vite compris que j’avais de la chance d’être en vie ».

« J’ai appris qu’une nouvelle vie passionnante m’attendait », Martina Caironi
Après sa rééducation, Martina Caironi débute le para-athlétisme en 2010. Une discipline qu’elle découvre un peu par hasard, dans une salle d’attente deux ans plus tôt : « j’allais tester ma première prothèse et dans la salle d’attente, il y avait des photos de para-athlètes. C’est ce qui m’a fait découvrir le para-athlétisme et qui m’en a donné l’envie ». Pour de nombreux sportifs, avoir une idole ou un exemple est source d’inspiration et d’envie. Ce fût le cas pour “Marty“, comme l’appellent ses proches : « en 2008, mon père m’achète le livre de Oscar Pistorius (athlète sud Africain amputé spécialiste du sprint) que je rencontre pour la première fois lors d’une conférence qu’il tenait dans ma ville. Dès lors, je ne me suis plus sentie “seule”. J’ai appris qu’une nouvelle vie passionnante m’attendait ».
Après son accident en 2007, tout va très vite pour Martina Caironi. En 2010, elle se lance dans la para-athlétisme. Un an plus tard, elle intègre la sélection nationale italienne en participant aux Jeux mondiaux d’IWAS (championnats pour fauteuils et amputés). Lors de cette compétition, elle remporte le 100m et termine 3e de la longueur. Elle participe ensuite aux Jeux Paralympiques de Londres 2012 où elle remporte la médaille d’or du 100m T42 (amputés fémoraux) et la médaille d’argent du saut en longueur. Puis en 2016, lors des jeux de Rio, elle devient porte-drapeau, pour sa deuxième participation. À l’époque, elle raconte « je suis extrêmement heureuse d’avoir cet honneur. Je suis surexcitée et je ne fais que m’imaginer à Rio, en portant le drapeau avec toute l’équipe italienne derrière moi ». Une porte-drapeau en or puisqu’elle sera titrée sur 100m et médaillée d’argent sur le saut en longueur.
Une rebelle…
Spécialiste du 100m, du 200m et du saut en longueur, Martina a vécu des expériences qu’un grand nombre d’athlètes aimerait vivre. Pourtant, cela aurait pu être différent lorsqu’elle a intégré la sélection italienne : « J’étais un peu rebelle, et je ne voulais pas porter les mêmes vêtements que les autres. J’étais fière de porter l’uniforme italien, mais j’avais besoin de le personnaliser d’une certaine manière pour me sentir libre de toute obligation », explique “Marty“.

La championne paralympique a un quotidien très rythmé. Grâce à son club du Fiame Gialle, elle peut vivre de sa passion : « je suis une athlète professionnelle, je m’entraîne donc 5 jours par semaine, principalement le matin. L’après-midi je peux tout faire », explique l’italienne. Pour casser la routine, les semaines de “Marty“ sont « généralement amusantes. Parfois je me repose et j’ai une séance de physio dans la semaine, mais souvent je fais une activité. Je fais un discours en public ou j’assiste à des conférences. J’aime voyager et voir des amis, alors j’essaie de le faire pendant le peu de temps libre dont je dispose. Je vis maintenant dans la même ville que mes parents, ce qui me permet de leur rendre visite et de passer du temps avec mes proches ».
… qui performe
Double championne paralympique et triple vice-championne paralympique, Martina Caironi a connu de nombreux succès lors des Championnats du monde. Sa première participation, à un championnat du monde, date de Lyon en 2013. Sa deuxième grande compétition internationale a marqué le début d’une grande carrière avec un titre de championne du monde sur 100m et en saut en longueur.
Aujourd’hui, à 33 ans, Marty a cinq titres de championne du monde à son actif. Elle est également recordwoman du monde du 100m T63 (catégorie dans laquelle elle a été reclassifiée) avec un temps de 14.02s. Mais c’est, avant tout, la première athlète de sa catégorie à être passée sous la barre des 15s, lors des championnats du monde de Londres en 2017. En juillet prochain, au stade Charlety, elle tentera de garnir à nouveau son palmarès et pourquoi pas tenter de battre un record du monde sur une piste qu’elle connaît très bien : « j’ai participé plusieurs fois au Handisport Open Paris, à Charlety. Là-bas, j’ai établi un nouveau record du monde au saut en longueur (5,46m), lors de l’édition 2022. Dans ce stade, je me sens bien parce qu’il est grand et que je peux respirer et me concentrer. Les athlètes sont proches du public, mais de manière raisonnable pour ne pas être trop distraits ».
Pour les Championnats du monde de para-athlétisme-PARIS’23, Martina Caironi espère donc que « de nombreux supporters viendront nous voir, nous encourager et nous surprendre. Je peux déjà leur promettre que cela en vaut la peine. Ce n’est pas une question de handicap, c’est une question de capacité. Et une fois que vous aurez découvert les paralympiens, vous ne voudrez plus les quitter ».
Rédaction : Jimmy JOUBERT

Pour admirer Martina Caironi aux Championnats du monde de para athlétisme – PARIS’23
