24 avril 2023

Pour Ghavelas, vedette grecque de l’athlétisme, la relaxation est la clef

Par Ryan Hills pour World Para Athletics

Âgé de 22 ans, le champion paralympique du 100m T11 souhaite reproduire sa remarquable forme de Tokyo 2020 lors des Championnats du Monde qui se dérouleront en France au mois de juillet.

Chaque athlète doit trouver sa propre façon de se détendre et de se relaxer avant et après les grandes compétitions. La plupart trouvent la paix dans un centre de vacances, une escapade citadine ou même un camp d’entraînement. C’est une situation que beaucoup d’entre eux connaissent.

« Lorsque je veux me recharger, je vais dans un monastère. C’est sur l’île d’Andros. J’aime y aider les moines et me détendre. Et j’y resterai parce qu’ils sont très heureux de m’accueillir. Ils m’ont demandé de rester ! », a déclaré Athanasios Ghavelas.

Ghavelas n’est pas comme la plupart des athlètes. Il ne l’a jamais été, et ne veut pas l’être. D’ailleurs, pourquoi le voudrait-il ? Être un homme unique ne lui a pas fait défaut jusqu’à présent. Avant toute chose, Ghavelas s’entraîne à nouveau, cette fois sur le site qui a accueilli l’athlétisme lors des Jeux Olympiques et Paralympiques d’Athènes en 2004. Il s’arrête à présent au siège du Comité Paralympique Grec. Après cela, il travaillera encore

davantage pour sa thèse en psychologie, qu’il effectue à l’Université d’Athènes. On comprend aisément pourquoi il a besoin de ce temps au monastère pour recharger ses batteries.

La relaxation est la récompense du tempérament qui lui a permis d’arriver jusqu’ici. « Je voulais être un champion Olympique », se souvient l’homme bien connu sous le nom de Nasos. « J’ai fait de la course, du skate, du basket, du foot, de la gymnastique…. Tout ! J’adorais le sport, tout simplement. Et mes parents me supportaient ; peu importe ce que je voulais faire, je pouvais. J’ai également fait de la gymnastique et ça m’a aidé à comprendre mon corps lorsque j’ai perdu la vue. »

Un changement incompréhensible

Durant les dix premières années de sa vie, Ghavelas était l’image même de la santé et de la forme. Mais un jour, à l’école, ses professeurs et lui ont remarqué un changement que personne ne pouvait réellement comprendre.

« Je lisais en classe, mais cela commençait à devenir vraiment difficile. La professeure pensait que je mentais étant donné que quelques semaines plus tôt, je lisais si vite qu’elle ne comprenait pas. Et je ne pouvais plus la regarder dans les yeux non plus. J’ai rapidement perdu ma vision centrale, puis la vision périphérique. Nous avons essayé de comprendre ce qu’il se passait car je n’avais que 10 ans. »

La perte de vue de Ghavelas à un si jeune âge a marqué un tournant pour lui et sa famille. Mais, ayant conservé ses amitiés, ses centres d’intérêt et surtout son ambition, c’est le même jeune homme qui émergera de l’autre côté de cette période. « Je n’allais pas arrêter quoi que ce soit. J’adorais le sport, je suivais le sport. Je voulais faire de la course et je voulais le faire bien. La perte de la vision ne m’a pas arrêté, ça n’a n’y arrêté mes rêves ni ma motivation. Alors, quand j’avais 15 ans, j’ai participé à des courses scolaires sur une piste d’athlétisme ; c’est là que j’ai rencontré mon coach. Nous sommes toujours ensemble (8 ans plus tard). Nous avons eu une conversation durant laquelle il m’a demandé ce que je voulais, et j’ai répondu : « Fais de moi un champion Paralympique ».

Ambition

L’ambition est le moteur de Ghavelas. Peu après avoir trouvé son coach et compris sa direction, il s’est souvenu d’un jour où il a décidé de quitter l’école plus tôt pour rejoindre son père.

« Je suis allé sur son lieu de travail et j’ai dit : ‘’Je veux te dire quelque chose. Je veux réaliser mon rêve de faire de l’athlétisme.’’ et avant toute question de sa part, je lui ai dit que je voulais aussi aller à l’université pour étudier, pas seulement faire du sport. Et il m’a soutenu. Il m’a dit : ‘’Dis-moi tout ce dont tu as besoin, je suis avec toi’’ ».

Cette conversation fut la première d’une série d’obstacles vers le sommet pour Ghavelas. En vérité, il savait que des obstacles se présenteraient devant lui avant même de perdre la vue, conscient qu’il n’est pas facile d’atteindre les hauts sommets du sport. Mais ces obstacles semblaient devenir de plus en plus petites dans son esprit, surtout depuis l’âge de 10 ans, avec cette nouvelle série d’obstacles à franchir.

« Ce n’est pas un problème, c’est à vous de choisir ce que vous voulez faire. Je pense que tous les Para athlètes représentent cette idée. Il n’y a rien qui puisse nous arrêter, il n’y a que des obstacles. Comment être meilleur ? Ne voyez pas les obstacles. Quand les gens demandent comment je saute par-dessus ces obstacles, je leur réponds : ‘’Fermez les yeux, et vous ne les verrez plus’’. Il suffit de suivre son cerveau »

Six ans après cette conversation avec son père, Nasos était champion paralympique et détenteur du record du monde du 100m T11.

L’homme à battre

Avant Tokyo 2020, Ghavelas a affiché son ambition sur la piste, mais ses résultats ne laissaient pas présager un homme qui quitterait les Jeux en héros national. Lors des Championnats du Monde de Para-athlétisme de Londres 2017, il n’a pas réussi à se hisser au niveau de ses adversaires et s’était placé 13ème au classement général. À Dubaï, en 2019, il finissait à la 8ème position.

« Quand j’ai commencé avec mon coach, l’objectif était toujours autour de la médaille d’or. Toute votre vie est autour du sport, autour du stade. Il m’a appris à travailler, à vivre, à atteindre un niveau paralympique. J’écoute tout ce qu’il me dit. Et pour Tokyo, je ne sais pas quoi dire… je deviens sentimental ! Le rêve est devenu réalité, et je ne suis pas sûr de tout à fait l’assimiler. Je ne veux pas m’arrêter qu’à Tokyo, je travaille pour plus. Détenteur d’une médaille d’or paralympique et d’un record du monde en 10.82, Ghavelas entame les trois prochains grands championnats comme l’homme à battre et comme un homme qui ne fait que s’améliorer.

Se préparer pour les mondiaux

Ces quelques mois s’annoncent passionnants pour Ghavelas, qui voit ses deux ambitions s’entrechoquer. D’une part, sa thèse sur la psychologie des sportifs de haut-niveau sera achevée au moment où vous lirez ceci, et il sera très certainement assermenté pour son diplôme. D’autre part, il y a cette petite parenthèse des Championnats du Monde qui se dérouleront dans l’année, à Paris, la même ville où il ira défendre son titre Paralympique en 2024.

« En ce moment, l’entrainement est très intense. Deux entrainements par jour et la kinésithérapie au milieu pour être en forme pour les championnats [du monde]. Le programme [spécifique] est pour ces derniers, et ensuite tout le programme est pour les Jeux Paralympiques de Paris.

La France à deux reprises et un autre retour au Japon l’année prochaine pour les Mondiaux de Kobe, tout indique que ces 12 mois entreront dans l’histoire de l’athlétisme paralympique. Et Nasos le promet, il sera au cœur de ce mouvement. Mais entre le travail, les études et les voyages, il faudra prendre du temps pour se ressourcer. Et comme l’île d’Andros n’est qu’à quelques kilomètres, vous pouvez être sûr qu’il exploitera pleinement une technique de préparation à laquelle personne d’autre que lui n’aurait pensé.